Val de lire adhère à l’Agence quand les livres relient, à ce titre nous participons aux formations et aux journées de rencontres organisées par celle-ci.
Un premier rendez-vous pour le séminaire Babil-Babel a eu lieu à Paris le vendredi 22 septembre, organisé par l’Agence quand les livres relient.
Le langage, la parole, la voix, la littérature jeunesse comme indispensables accompagnements vers le « devenir humain », sont les axes de réflexion de ce séminaire, pour lequel étaient abordées plus spécifiquement ce vendredi les questions du multilinguisme, de la diversité des voix et des langues. Différentes réflexions et actions ont été présentées dans ce sens : les projets de la Médiathèque départementale de Seine-et-Marne, les outils pédagogiques de l’association Dulala, des lecteurs et bibliothécaires, une comparaison des traductions de Flix de Tomi Ungerer (un chien né de chats qui vit avec les deux cultures canine et féline…)…
Une expression est revenue tout au long de cette journée, celle des « petits riens », touches de pensées et d’actions collectives qui donnent progressivement corps à cet engagement autour du langage, de la lecture et du mélange des cultures dans la société.
Défense de la littérature jeunesse par Dominique Rateau
Dominique Rateau, orthophoniste et présidente de l’Agence quand les livres relient, a trouvé les mots pour une défense de la littérature jeunesse et la richesse de son langage fait de textes, sons et images. La littérature permet de trouver son propre récit (pas un « modèle »), sa propre réponse au monde que l’on doit habiter. Dominique Rateau cite Alberto Manguel pour qui lire forme chez l’humain un nouveau sens, qui s’ajoute aux cinq autres.
Pourquoi lire aux tout-petits ? Parce qu’ils « savent lire avant que de parler », c’est-à-dire chercher à interpréter le monde, entrer en relation avec lui, et que c’est une des formes d’un accueil, un accompagnement indispensable.
Pourquoi la littérature « jeunesse », à toute âge de la vie ? Parce que c’est une oeuvre de même valeur que celles institutionnalisées, et qu’on ne lit avec un enfant comme « en surplomb » de lui, mais à ses côtés, chacun à son niveau de lecture.
Coup de coeur pour l’association Eclats :
Pour aborder les problématiques en question (pourquoi, comment parlons-nous ? Langage, langue ou langues au pluriel ?), la journée s’est ouverte sur une approche à part, au milieu des acteurs des livres, avec l’association Eclats, qui s’intéresse aux langages musicaux contemporains. Deux chanteuses lyriques ont ponctué la journée d’interludes chantés. Si leur action pouvait apparaître « à part », cette intervention a en fait permis de commencer par le commencement : la voix, la musique, le rythme, ou encore : la matière sonore, la corporalité du langage.
Eclats propose des spectacles musicaux pour adultes et jeune public, et des séances d’éveil musical pour les plus petits.
Le spectacle « ma » :
Ce spectacle est une des créations pour un public de 6 mois à 5 ans.
Dans une hutte-cocon, une femme chante. Elle écoute son petit, lui dit la vie à venir.
« ma », première syllabe prononcée, « ma », comme maman, ma, prémisse du moi…
Sophie Grelié explore l’enfance de la parole, la musique de la langue, le pré-langage du bébé, toute la dimension poétique de cette relation de l’adulte à l’enfant.
L’idée est née à l’écoute des Chants du Capricorne de Giacinto Scelsi, suite de chants, de cris, de râles rythmés par des silences, a capella. On se rapproche alors d’un prélangage brut et intensément expressif, qui nous entraîne au coeur de l’expérience du babil. Ce pré-langage développe toute la « musique » de la langue maternelle : mélodie, intonation, rythme, timbre, couleur, intensité, intention, silences de la langue parlée. »
Chanter dans les lieux de la petite enfance
Sophie Grelié, cofondatrice, musicienne et responsable Petite Enfance, nous a montré la captation de séances de chants face aux bébés (ici). La chanteuse intervenante improvise en reprenant les babils, les exclamations des petits ou bien répond par des passages des chants du Capricorne. On assiste à un véritable échange, un déploiement de la parole. Les réactions des enfants sont étonnantes et intenses. Ces vocalisations, chez l’enfant et l’intervenante, rappellent que la voix concerne tout le corps, qui accompagne la production du son : « au cœur du son, le tout petit joue de la matière, des variations, des plaisirs de la résonance sur le corps ».