Album partagé au cours de la soirée de lecture du 18 octobre : lors de ses soirées, chacun est invité à présenter et lire un album de son choix, dont nous discutons ensuite librement.
On a trouvé un chapeau, Jon Klassen, éditions Milan, 2016
Quand deux paisibles tortues qui font toujours tout « ensemble » trouvent un chapeau, un seul, ce pourrait être le début d’une querelle… Mais quand on a l’habitude de partager les couchers de soleil, et ses moindres pensées, c’est un peu plus compliqué. » Laisser le chapeau ici et oublier que nous l’avons trouvé » ? Attendre que l’autre dorme » complètement « ?
« On a trouvé un chapeau » est construit en trois parties – on aurait presque envie de dire en trois actes- de la découverte du chapeau par les deux amies jusqu’à la résolution du possible conflit.
En ton sépia et dégradés de gris, sans oublier une touche d’orangé pour le soleil couchant et un blanc cassé pour le chapeau, toutes les scènes se déroulent dans un désert de sable, de rochers et de cactus.
Dans la première partie, « La découverte du chapeau », elles vont rester proches, toujours sur la même page. Sauf dans un face à face où les deux tortues évaluent la possibilité de garder ce chapeau dans une savoureuse double page qui pose le problème : « Mais il n’y a qu’un chapeau », « et nous sommes deux ». Les tortues nous regardent, nous lecteurs, et nous prennent à témoin de cette situation terrible pour des amies. Puis le récit reprend son cours avec un texte très bref en gros caractères, sur la page de droite sous forme de question/réponse.
La double page s’impose à partir de l’abandon du chapeau.
La deuxième partie, « Le coucher du soleil », glorifie leur complicité de toujours et s’étale en double page face au coucher de soleil qui embrase l’horizon. Le texte, de plus en plus court, a migré en haut de page nous invitant au plaisir de la contemplation. Pourtant dans le dernier tableau un rebondissement est annoncé par le coup d’oeil discret de l’une des tortues vers le chapeau qui réapparait page de gauche grâce à un plan de plus en plus large.
Dans la troisième partie, « L’heure du rêve », la rupture semble prononcée au moment où l’une d’elle s’endort sur la page de droite et l’autre retourne voir le chapeau sur la page de gauche. Revient-elle sur une décision prise « ensemble « comme il en a toujours été ?
Les albums d’apparence les plus simples le sont-ils vraiment ?
Et si l’on s’attardait sur les carapaces, sur les regards de ces deux adorables tortues, sur leurs positions ? Se font-elles face ou se tournent-elles le dos ?
On a tout d’abord envie de rire d’elles, de ce qui semble banalité de propos puis un doute nous saisit : et si toi et moi nous trouvions un chapeau, un seul qui nous va aussi bien à l’un qu’à l’autre ?
Quant à la solution qu’elles ont trouvée pour sauver… ou non leur amitié, je vous laisse le soin de la découvrir par vous même.
Lors de la soirée de lecture, nous avons aussi partagé les albums suivants :
Cavale, de Stéphane Servant et Rébecca Dautremer, éditions Didier Jeunesse, 2017
Petit bonheur, de Carl Norac et Eric Battut, éditions Bibloquet, 2015
Le Nid de Jean, de Carl Norac et Christian Voltz, éditions L’école des loisirs, 2016
Chamailles, de Kathrin Schärer, éditions Ane Bate, 2009
Tout allait bien, de Franck Prévot, éditions Le Buveur d’encre, 2003
Le Loup de la 135e, de Rébecca Dautremer et Arthur Leboeuf, éditions Seuil Jeunesse, 2008
Grododo, de Michaël Escoffier, éditions Frimousse, 2016
Emile et le joint de culasse, de Vincent Cuvellier, éditions Gallimard Giboulées, 2018