LA LIGNE, un trait tracé par un petit garçon traverse horizontalement la double page. À la sobriété du dessin (une cour, un banc un arbre, un jeu) s’oppose à la page suivante une vue plongeante sur l’immeuble avec une ombre portée noire menaçante.
Que s’est-il passé ?
Les auteurs l’expliquent avec d’abord une phrase en gros caractères, un peu abstraite, qui emplit la page blanchâtre, illustrée ensuite par un dessin évocateur.
Deux enfants sont dans une cour : le garçon paisible aime lire dans le calme, la fille active et virevoltante préfère jouer au cerf-volant. Deux désirs opposés, deux mondes.
Alors la ligne est tracée. Avec elle, l’intolérance et la haine. Chacun chez soi, chacun pour soi avec cris et menaces. Le noir monstrueux emplit la page jusqu’à acculer la fillette dans le coin poubelle.
Reste l’espoir que les enfants se ressaisissent… et se réconcilient.
Dans la cour de l’école, ON L’A À PEINE REMARQUÉ le trait qui coupait la marelle en deux. Les enfants-oiseaux ne sont pas inquiétés non plus quand des briques se sont entassées sur la ligne. On pouvait jouer encore, on s’en accommodait. Mais le mur a continué de monter jusqu’à rendre impossible toute communication de part et d’autre.
Chacun chez soi.
Et puis de petits traits verticaux sont apparus tracés à hauteur d’enfants. Des lézardes. Le mur s’écroule, la cour reprend son espace habituel.
J’aime ce deuxième album aux teintes douces, rosées, plus optimiste. Il invite à rester vigilant, à ne pas accepter la plus petite atteinte à la liberté et, si malgré tout, on a laissé un mur s’élever, à le faire tomber.
Ces deux albums offrent une prise de conscience intéressante à travers un dessin sobre et des mots percutants.
A lire de 7 à 107 ans…
Aux éditions Frimousse :
La ligne, parution
On l’a à peine remarqué, parution Mai 2019