Ce n’est pour commencer qu’un problème de voisinage entre deux lapins dont l’un, monsieur Franklin, un lapin blanc, n’aime pas son voisin, un lapin noir.
Deux maisons en bois, sur pilotis, séparées par la reliure que rien ne semble pouvoir rassembler : l’une est occupée par M. Franklin et l’autre par son voisin.
Franklin est grognon et le voisin fait continuellement la fête : il est donc bruyant. M. Franklin a beau crier « Chut ! » rien n’y fait. On ne l’entend même pas.
Mais le pire ce n’est pas le voisin mais ce troisième personnage, pour le moins étrange : un oiseau qui se pose sur le toit de la maison de M. Franklin. Et plus celui-ci se fâche et plus l’oiseau grossit au point de faire s’écrouler la maison.
Au fil des pages l’image se ressert sur les lapins jusqu’à ce que le voisin vole, au sens propre, au secours de M. Franklin. Ils vont reconstruire ensemble sa maison, différemment, et « même s’il ronchonne toujours un peu, monsieur Franklin est bien plus heureux. »
La symétrie des cabanes est rompue mais à la fenêtre ouverte de M. Franklin il y a maintenant une fleur. Bien que différents les deux lapins construisent une passerelle qui relie leurs maisons.
Tout à la fin de l’album, on pourrait même rêver à une ville où toutes les maisons, bien que différentes, communiquent.
Les illustrations en sépia puis en noir au moment de la catastrophe (l’écroulement de la maison) se focalisent sur les lapins ronds et touchants l’un comme l’autre. Et s’ils ne se parlent jamais – peut-être d’ailleurs ne parlent-ils pas la même langue ? – leurs yeux, très mobiles, suggèrent l’évolution des sentiments de l’un vis à vis de l’autre.
Florian Pigé sera présent au 34e Salon du livre jeunesse les 29, 30 et 31 mars 2019.
Chut, Morgane de Cadié et Florian Pigé, éditions HongFei, 2017