Coup de coeur de Sylvie Van-Praët pour L’Arrivée des Capybaras d’Alfredo Soderguit, Didier Jeunesse, 2020.
Si vous n’aviez jamais entendu parler des capybaras voilà l’occasion de faire plus ample connaissance. Alfredo Soderguit vit à Montevideo en Uruguay. Il est scénariste, cinéaste mais il a aussi publié « Je suis un animal » chez le même éditeur.
Ces capybaras « poilus, mouillés et trop gros » arrivent dans une ferme où personne ne les attend et surtout pas les poules. Elles pensent vivre une vie paisible où il n’y a « jamais rien à signaler »- même si l’illustration où l’on voit une poule suspendue par les pattes emportée par le fermier contredit ce propos. Ils vont y être reçus comme des intrus et soumis à des règles strictes par ces dernières. Ils fuyaient les chasseurs et les voilà piégés dans une mare.
C’est par la rencontre, sur une double page, entre un petit capybara et un poussin que tout va basculer. Le jeune capybara dont l’horizon est fermé par les joncs fait face à un petit poussin dont l’horizon est fermé par un grillage. Cette amitié et le sauvetage du poussin, que le chien voulait dévorer, va modifier la relation des poules avec les capybaras. S’ils partent ensemble de la ferme, c’est que chasseurs et fermiers ne font qu’un : ce que le lecteur découvre vers la fin de l’album.
Tout l’album est illustré en noir et blanc, parfois sépia et s’y ajoute une touche de rouge sur le toit de la ferme, la crête des poules et les casquettes des chasseurs.
L’album ne se clot pas totalement puisque la dernière illustration met face à face les poules montées sur les capybaras et un troupeau de moutons à la mine renfrognée. Dans le ciel de cette dernière image apparait un vol d’oiseaux migrateurs. Car c’est bien sûr de cela qu’il s’agit : de la migration et de l’accueil de l’autre.