« Tu vois Yun, ce n’est pas parce qu’on est vieux et un peu fêlé qu’on ne sert à rien ».
Format carré 21,5 x 21,5 cm, la couverture annonce un jardin fleuri traversé par une ombre chinoise de petite fille à l’allure vive et décidée.
La double page de garde introduit le lecteur parmi les fleurs traitées en aplats de couleurs cernés d’un trait noir.
Les vingt doubles pages de l’album fonctionnent toutes de la même façon : page de gauche, un texte de quatre lignes maximum et en dessous un idéogramme tracé en rouge au pinceau qui reprend le mot clé du récit. Ça peut être aussi bien un nom de chose concrète : goutte, fleur, pot, scarabée, qu’une abstraction : idée, secret, lourd, vieux, regarder… Page de droite, pleine page, dans un cadre noir, l’illustration traduit poétiquement en images (silhouettes découpées en ombres chinoises, éléments du paysage, végétaux ) le récit de la page de gauche. Que raconte cette histoire ? Madame Li, une petite vieille plus ridée qu’une pomme cannelle, qui habite au-delà de la forêt de bambous, dans le village de la Pagode perdue, va chaque jour remplir ses deux pots de terre à la rivière du Pont-qui-chante. Yun, une petite fille qui saute et gambade, l’accompagne et remarque que l’un des pots est fêlé et laisse échapper la moitié de son contenu en gouttes d’eau le long du chemin. La narration se poursuit en instaurant le dialogue entre les deux personnages. Madame Li ne veut pas remplacer ce vieux pot, elle demande à Yun de prêter attention à ce qui se passe autour d’elle. Le pot fêlé, sur son passage, arrose les graines à droite du sentier et permet aux fleurs de pousser … « Tu vois Yun, ce n’est pas parce qu’on est vieux et un peu fêlé qu’on ne sert à rien ». C’est une jolie métaphore sur l’usure des choses et des gens : la vieillesse au delà de ses « fêlures » apporte une autre façon de regarder autour de soi, incite à faire preuve de sagesse, à transmettre le secret du temps qui passe et du chemin parcouru. Cela raconte aussi qu’on peut accepter de perdre ou de donner au bénéfice de tous, juste pour fleurir le chemin !
La dernière double page reprend tous les sinogrammes rencontrés depuis le début. C’est un album qu’on ne se lasse pas de regarder pour son esthétisme poétique qui nous plonge dans la Chine traditionnelle, et de lire pour tout ce qui est inféré entre les phrases simples prononcées.
Le jardin de madame Li
Auteure : Marie Sellier
Illustratrice : Catherine Louis
Calligraphie : Wang Fei
Éditeur : Picquier jeunesse
A partir de 4 ans.
14,50 €