Nicole vous propose une découverte de L’ourse bleue écrit par Nancy Guilbert et illustré par Emmanuelle Halgand aux éditions Des ronds dans l’O jeunesse.

En couverture, le portrait plein cadre de l’ourse dont le regard orange semble interpeler le lecteur, installe une proximité avec l’animal et ouvre les portes de l’imaginaire : c’est vrai, une ourse bleue, c’est pas banal, même carrément irréel ! Le lecteur est invité à suivre l’ourse. Texte et illustrations des premières pages confirment l’impression de douceur et de poésie. C’est la nuit, lorsque l’ourse quitte sa tanière : la toile du ciel décide d’allumer sesminuscules lanternes magiques là-haut, tout là-haut… Le gel qui recouvre les arbres ressemble à de la dentelle, le dégradé de couleurs (du blanc au noir), les fleurs en ombelle givrées, donnent un aspect paisible à la forêt de sapins. Traversant ce paysage, l’ourse hume l’odeur de fumée et se remémore son combat avec les hommes qui avaient tenté de la capturer pour s’emparer de sa fourrure bleue nuit, tant convoitée. Elle avait dû défendre vaillamment sa peau, ce qui lui avait valu une réputation injuste d’animal violent et cruel. Ce souvenir est évoqué avec des aplats de couleur orange intense !
Au cours de cette promenade nocturne, toujours aux aguets, elle découvre un petit d’homme, épuisé, le visage glacé. Malgré le danger qu’il représente pour elle, elle a le courage de le réchauffer et de le reconduire au village des hommes. Ceux-ci étaient partis, armés de piques et de bâtons, à la recherche de l’enfant. Quand elle voit arriver les hommes armés, elle tremble mais avance néanmoins vers eux ! La double page de la rencontre est particulièrement symbolique : l’enfant sur le dos de l’animal tend les bras vers sa mère agenouillée devant l’ourse, qui, désormais sera considérée comme faiseuse de paix, capable de dépasser sa propre frayeur pour sauver un enfant et ainsi faire changer les regards sur sa personne. Elle aura sa place dans la constellation de la grande ourse, qui indique le nord ! Les humains qui figurent dans ce conte pourraient appartenir au peuple Inuit … Des dégradés du beige clair au marron colorent leurs vêtements.
Les illustrations sont superbes, toujours pleine page et en double page. La tension narrative est maintenue jusqu’à la fin. La symbolique est forte puisque deux « femelles », l’ourse et la mère s’accordent pour sauver l’enfant et faire déposer les armes.