Coup de coeur de Nicole Verdun pour Ta peau contre la mienne de Rémi Courgeon, éditions MILAN.

Un titre à double sens : ta peau en contact étroit avec la mienne ? Ou ta peau en échange de la mienne ?
La couverture déjà annonce la référence au western, la première double page l’affirme : l’arbre mort parcouru par l’iguane, la veste, le chapeau, le ceinturon, suspendus aux branches, sauf que le chapeau fait à peine cow-boy ! On entendrait presque la plainte d’un harmonica …
La double page suivante confirme qu’on est bien dans un légendaire grand canyon : le relief, les couleurs, la végétation, et qu’une jeune indienne fait un adieu touchant à un cheval qui fut son compagnon d’enfance. Depuis les premières années, peau contre peau !
Ils ont grandi ensemble, mais un jour un bandit qui visait la jeune fille a tué le cheval.
Telle une boule de colère, la jeune intrépide ne pense plus désormais qu’à une chose : la vengeance ! Vêtue d’une veste confectionnée patiemment dans la peau de son cheval (encore peau contre peau), elle part à la recherche du tueur (Aaron Blake, un homme à l’odeur infecte de sueur et de haine) dont le mustang est tatoué d’un œil comme un soleil. « Elle préfère les chevaux aux hommes, aucun cheval n’est cruel ! »
Elle n’est pas la seule à rechercher le tueur, les autres sont des chasseurs de primes. Une nuit, elle les retrouve, détache leurs chevaux, emprunte une jument qu’elle monte à cru. Elle va pouvoir reprendre sa quête et faire bon usage de l’arc et des flèches que frère érable lui a octroyés. Le tueur sans scrupules a abandonné son cheval blessé. Remis sur pied, elle en fera un compagnon de route. Comme dans les films cultes, dans une dernière séquence, le tueur et le héros se font face, lui, au bord du fleuve, son pistolet braqué sur elle, et elle, sur un promontoire, prête à décocher la flèche vengeresse … Suspense ! Qui tirera le premier ? Quel impact ?
C’est magnifiquement raconté. Une écriture poétique, un texte touchant qui tente de réconcilier l’homme et la nature. Au début de la narration, la jeune fille explique : « Ma liberté faisait de l’ombre à sa bêtise » et puis à la toute fin : « Aujourd’hui, sœur jument, pour avoir débarrassé la région de ce chacal puant, je mérite une étoile de shérif, que je pourrais accrocher à ma veste. Mais dans le trou, je glisse une fleur, là où tambourine mon cœur. Une immortelle. »
Les illustrations sont tout aussi réussies, paysages de l’Arizona, tracés à la mine de plomb colorisés à l’ordinateur. Un musicien, Goulven Hamel a composé une mélodie d’accompagnement, donnant ainsi naissance à un spectacle qui espère bien trouver son public.…
(de 8 à 108 ans)