En attendant une programmation de lectures et d’ateliers cet été, retrouvez les coups de coeur des lectrices et lecteurs qui évoquent les beaux jours, les vacances, la mer, le temps suspendu, les jeux…
Coup de coeur pour J’aime l’été de Minne, illustré par Natali Fortier, éditions Albin Michel Jeunesse, par Roselyne Chassine.
Ce livre compile une foule de petits riens qui nous parlent à tous.
Des petits riens d’été…
Chaque page s’ouvre avec un « j’ai aimé » écrit de plusieurs plumes, celle de Minne, la tienne, la mienne assurément… Suivent quelques lignes qui, dans un style simple viennent chatouiller nos sens. L’illustration aux couleurs douces, toute en finesse ajoute une petite touche nostalgique à chaque page.
Des préparatifs au trajet, des siestes sous la chaleur écrasante à la fraîcheur du crépuscule, des secrets échangés aux histoires inventées, par petites touches, l’été s’offre à nous.
La contemplation d’une araignée dans sa toile, du parcours des fourmis, des nuages ou du ciel étoilé ; la caresse du brin d’herbe, les pierres de la rivière, l’écume des confitures et la brûlure du soleil, les rêves, les jeux de l’enfance jusqu’au jour où les hirondelles-pinces à linge se posent sur les fils et annoncent la fin de l’été…
Un joli livre qui ouvre la boîte à souvenirs des étés de l’enfance.
Coup de coeur pour Belle maison d’Anaïs Brunet, éditions Sarbacane par Isabelle Gracia.
Une couverture aux couleurs vives, avec deux enfants à l’extérieur d’une maison.
Anaïs Brunet, autrice et illustratrice, nous conte une histoire d’amour éternel, de nostalgie, de fratrie, de génération,de maison refuge. La narratrice, somnolente, est réveillée par la sonnette de la porte d’entrée. C’est l’été !
Les enfants sont revenus !
Ils passent de pièce en pièce, grimpent dans les étages, reprennent des repères, réinstallent la maison, lisent, redécouvrent des jeux, et vont vite regagner la plage. Une journée se déroule sous l’œil de la narratrice.
Mais qui est la narratrice ? Leur grand-mère ?
Non, c’est la maison familiale de vacances qui revit, vibre, a des sentiments humains,veille avec bienveillance sur les enfants.
Ce soir, chers petits, je vous protégerai contre l’orage et la tristesse… N’ayez crainte : je vivrai assez longtemps pour vous voir grandir. Vous me quitterez un jour… Vous saurez où me trouver. Je demeurerai pour toujours, votre belle maison.
Anaïs Brunet
Coup de coeur pour Bulle d’été de Florian Pigé, éditions HongFei, par Marie-Claire Degrave.
Vacances d’été : un jeune garçon prend son petit déjeuner au bord de la piscine, les pieds dans l’eau, il observe un oiseau qui s’approche.Une double page les montre tous deux de profil dans une communion parfaite de couleurs et de regards.
Et le récit commence. Le garçon passe seul les vacances : il observe les petites bêtes, dessine, regarde la télé, s’ennuie un peu sans doute. L’après-midi, revêtu de sa cape de héros, il soigne les chats du quartier, enfourche son vélo et part à l’aventure. « Le temps est comme suspendu », dit l’auteur, place alors à l’imagination et au rêve.
Parfois il croise Lily mais sans oser l’aborder ! Il se contentera de rêver d’elle.
Les vacances s’achèvent, elles ont passé vite… la chambre est bien rangée, c’est déjà la rentrée.
Une bonne surprise l’attend dans sa nouvelle classe.
Tout est réussi dans cet album : le texte, jamais puéril, sonne juste et va à l’essentiel ; les illustrations jouent sur les différents codes (la BD, le dessin d’animation ) et varient les angles de vue . Le choix des couleurs chaudes correspond tout à fait à la sensibilité du garçon proche de la nature et la mise en page donne un rythme particulier à l’histoire.
Un grand coup de cœur pour cet album plein de poésie : enfin une histoire où il ne se passe rien, de l’émotion pure.
Coup de coeur pour L’un d’entre eux de Géraldine Alibeu, La Joie de Lire, par Sylvie Van-Praët.
Voici un album où l’illustration et le texte jouent à cache cache avec le sens d’autant plus facilement que les pages des illustrations et celles du texte se tournent indépendamment l’une de l’autre.
L’un d’entre eux mais lequel ? Surtout que le narrateur s’en mêle en fin d’album:
Je suis l’un d’entre eux.
Quelquefois,
j’imagine que je suis un autre.
Les illustrations mettent en scène, de page en page, les mêmes personnages reconnaissables à un vêtement ou un accessoire. Ils sont à la plage, dans les dunes, à la terrasse d’un café en bord de mer. Mais aucun indice ne permet de savoir ce que raconte le texte : lequel a un grain de beauté à l’intérieur du nombril, est un ancien agent secret, a un goût amer de dentifrice dans la bouche ? De plus cet univers de vacances assez ordinaire bascule lorsqu’apparaissent trois chevaliers et une princesse à cheval. Rêve ? Histoire que le narrateur se raconte ? Tournage d’un film ? Pourtant cette apparition ne perturbe en rien les activités des vacanciers…Mais à bien y regarder que fait ce pélican dans les bras d’une petite fille, quelles sont ces feuilles avec un gros point jaune distribuées à chacun d’entre eux à la fin de l’album : une photo de la femme photographe ? Le texte correspondant à chacun ?
Entre quotidienneté et onirisme, entre illustrations et textes, l’album nous invite à un parcours en tous sens. Car ici le sens de la lecture – du début à la fin – n’a guère d’utilité. On se balade dans les pages illustrées et les pages écrites jusqu’à ce qu’il soit l’heure de rentrer.
Coup de coeur pour Après l’été de Lucie Félix, Les Grandes Personnes, par Sylvie Van-Praët.
Le dessin très graphique de l’autrice nous emmène à travers les saisons de la pomme au pommier, de l’oiseau au nid, de l’automne à l’hiver et enfin à la couvée du printemps. Les découpes de la page de droite révèlent, lorsque l’on tourne la page, des formes sur la page de gauche.
Une pomme à croquer, un ver dans la pomme, un rouge-gorge qui mange le ver, un nid construit pour le rouge gorge …l’enchaînement des éléments évoque la comptine. D’autant que les phrases qui ne disent que l’essentiel jouent parfois d’une rime en « é » et donnent au récit sa fluidité.
Les catastrophes provoquées par l’orage et la tempête sont réparées par ce simple jeu de découpe qui donne à l’album ce ton poétique et un peu fantastique.
Les illustrations sont traitées en couleurs vives et les courtes phrases en bas de page, pour la plupart, laissent aux illustrations le soin de révéler l’histoire.
Coup de coeur pour Jouets des champs, d’Anne Crausaz, éditions MeMo par Nicole Verdun.
Sur la couverture cartonnée, un pied de coquelicots et des herbes folles. Parmi les fleurs de coquelicot, l’une avec seulement un pétale, une autre dont la corolle retournée transforme la fleur en poupée, et toutes les autres en bouton. L’œil de l’observateur est au ras du sol. Le dessin d’Anne Crausaz est fait d’aplats de vert et rouge, quelques détails au trait noir fin. La page de garde propose un pied de bouton d’or et deux graminées.
Et puis arrive l’invitation de la maman à la promenade, Lucien ira avec seulement Petit ours. La double page du départ de la chasse aux trésors nous montre le petit garçon marchant au milieu d’une superbe végétation de prairie : ombelles, graminées variées, boutons d’or, coquelicot, l’œil est toujours au ras du sol…Puis, le point de vue s’élève. Depuis le haut du bras, un akène d’érable se transforme en hélicoptère dont l’hélice tourne. Dans cette jungle où s’ajoutent maintenant liseron et trèfle, Petit ours est perdu … puis retrouvé. L’observateur domine maintenant un espace où les pissenlits laissent envoler leurs graines comme des parachutes. Des corneilles se posent dans la prairie. Allongé dans l’herbe Lucien se repose, se laisse chatouiller par une coccinelle, regarde la lune en plein jour. Il apprend à faire des bateaux avec du bois et des feuilles, des poupées avec les fleurs de coquelicots, une couronne avec celles des pissenlits. À la fin de la journée, de retour à la maison, il admire sa récolte.
Toutes les illustrations sont en double page, le texte vient se poser dessus.
Anne Crausaz, avec cet album, propose une promenade d’été, bucolique et tendre, ponctuée de dialogues à minima. Elle invite, petits et grands, à prendre le temps de regarder, de rêver, de glaner, de construire des petites choses. Son dessin précis et léger restitue un monde végétal de bord de sentier ou de prairie. Si on regarde bien, on peut le voir bouger sous le léger souffle tiède du vent …
Coup de coeur pour Pipi dans l’herbe, de Magali Bonniol, L’école des loisirs, par Nicole Verdun.
Que celles, petites ou grandes, qui n’ont jamais ressenti une envie pressante au cours d’une randonnée ou d’un après-midi dans la nature lèvent la main ! Une petite fille, au milieu d’un pré, se trouve saisie par cette envie. Ce sont ses paroles et ses réflexions qui sont transmises au lecteur par l’autrice par l’utilisation du « je » . Le défi à relever : choisir le bon endroit. Celui qui ne soit pas être ni envahi par les orties, ni habité par une grosse araignée… Le lieu idéal étant repéré, la petite fille peut se soulager en espérant que l’araignée ne l’a pas suivie. Oui, mais voilà, la belle rivière de pipi, sème la panique chez les fourmis, provoque l’inondation pour la coccinelle. La petite fille porte secours aux petites bêtes, mais trouve tout de même qu’elles font beaucoup d’histoires pour pas grand chose !
Les phrases courtes, qui reprennent les paroles de la fillette sont présentées sur la page de gauche et l’illustration sur la page de droite. Traits fins noirs pour le dessin, les surfaces sont colorées en couleurs unies. Le visage et les attitudes de la petite fille traduisent ses émotions ou réflexions. L’histoire commence de façon réaliste et se termine par un dialogue purement imaginaire avec la coccinelle.
Coup de coeur pour Le Voyage de l’âne d’Isabelle Grelet et Irène Bonacina, Didier Jeunesse, par Marie-Claire Degrave.
L’âne tourne en rond dans la ferme : toujours les mêmes animaux, les mêmes activités ! Quelle vie monotone ! Alors aux beaux jours, il répare un vieux combi et décide de partir ailleurs, vers le sud.
Mais les autres aussi, le coq, le cochon, le lapin, la chèvre ont envie de participer au voyage. Entre amis, on est solidaire : l’âne est facilement convaincu de l’utilité de chacun et un beau matin, en route !
Une vraie fête ! On traverse la France puis l’Espagne. Quand un animal trouve le lieu idéal à son épanouissement personnel, il s’arrête. Finalement l’âne arrive seul à Gibraltar. La mer, le soleil, l’horizon… que c’est beau !
Oui, mais il ne tarde pas à tourner en rond en quête d’un autre bonheur : l’amour.
Justement, une « ânesse aux belles tresses » répare un pédalo pour gagner l’Afrique. Elle accepte la compagnie de l’âne mais c’est elle qui tiendra le gouvernail, à gauche. Très belle conclusion !
Cette histoire est très agréable à lire avec les enfants. Les illustrations sont détaillées, amusantes, les personnages expressifs, et les doubles pages sur le parcours donnent envie de découvrir ces paysages. Le texte (des dialogues entre les animaux) suit toujours le même schéma donnant ainsi un rythme particulier que les enfants mémorisent. S’ajoute un vocabulaire d’une grande richesse.
Un album idéal après le confinement !